Agir pour la déstigmatisation des personnes en souffrance psychique, pourquoi et comment ?
Personne n'est immunisé contre la souffrance psychique. Pourtant, malgré notre optimisme naturel qui nous pousserait à croire que la réaction la plus commune face à cette souffrance est l'empathie, la stigmatisation des personnes concernées perdure. Une problématique qui contribue à alimenter le tabou autour de la santé mentale.
Définition de la stigmatisation
La stigmatisation consiste à dévaloriser une personne d'après l'une de ses caractéristiques. Elle peut s'appuyer sur des préjugés, des idées reçues mais elle se définit surtout par la souffrance de la personne concernée. Si la stigmatisation ne conduit pas nécessairement à la discrimination, elle en est l'une des causes principales. Pour rappel, la discrimination consiste en "un traitement défavorable qui doit généralement remplir deux conditions cumulatives : être fondé sur un critère défini par la loi (sexe, âge, handicap…) ET relever d’une situation visée par la loi (accès à un emploi, un service, un logement…).", comme nous le rappelle Psycom dans un dossier dédié à la stigmatisation et les discriminations des personnes vivant avec un trouble psychique.
78% des personnes interrogées estiment que les personnes en souffrance psychique sont stigmatisées, et paradoxalement, 51% des sondés contribuent à cette stigmatisation en pensant que les personnes en souffrance psychique constituent un danger pour les autres.
Enquête Ifop x Fondation AÉSIO sur le bien-être mental des Français, 2021.
Consultez les rapports complets de notre enquête
Pourquoi stigmatise-t-on ?
Si on choisit d'exclure la malveillance dans notre analyse, la stigmatisation repose tout d'abord sur une observation ou un constat qui vise à différencier la personne qu'on considère. Elle aboutit à créer deux groupes ou deux catégories : la personne avec le stigmate vs les autres. Si on s'intéresse à une personne en souffrance psychique, les marqueurs sont divers et peuvent concerner son comportement, sa façon d'être en société, sa communication, sa motivation, sa supposée inefficacité dans le cadre du travail, etc.
Le problème avec la stigmatisation est que ce constat est souvent suivi d'une association d'idées infondées, qui reposent sur des croyances issues de notre éducation ou des représentations de la souffrance psychique, souvent caricaturales dans la culture dite mainstream (dominante). Or, ces associations d'idées contribuent elles-mêmes à renforcer les fausses représentations et croyances.
Notre enquête réalisée en 2021 avec l'Ifop sur le bien-être des Français a révélé que :
- pour 89% des personnes interrogées, les personnes en souffrance psychique sont "plus fragiles"
- pour 82%, elles sont "plus dangereuses pour elles-mêmes"
- pour 51%, elles sont "plus dangereuses pour les autres"
Qui blâmer, alors ? Pour certains répondants, le problème réside dans la diffusion de cette idée : la souffrance psychique ne serait réelle et recevable que lorsqu'elle se manifeste à travers des symptômes physiques ou qu'elle relève de la psychiatrie, elle-même sujette à des idées reçues. Conséquence directe, une minimisation de la souffrance psychique au quotidien et une prise en charge insuffisante.
Santé mentale = psychiatrie ?
« On s’occupe plus des symptômes physiques que mentaux. On l’a encore vu avec le Covid, sinon on nous aurait laissés prendre l’air, aller en forêt. On n’a pas assez de conférences ou de sujets là-dessus. On voit des reportages sur l’enfer des hôpitaux psychiatriques, mais on n’épaule pas assez les parents sur la surcharge mentale. »
Quand une personne exprime sa souffrance psychique, la réaction de la personne en face est à 28% de l'écoute mais aussi à 10% de l'incompréhension, à 9% de l'inquiétude et à 8% de l'indifférence. Pour 30% des personnes concernées donc, la réaction qu'on leur oppose est négative.
Comment déstigmatiser les personnes en souffrance psychique ?
D'après les réponses apportées par notre enquête, un critère majeur semble s'imposer : les Françaises et les Français ne comprennent pas de quoi on parle quand on parle de souffrance psychique et par extension, ne parviennent pas à comprendre ou même à reconnaître les personnes traversant une phase de souffrance. Un constat que notre enquête confirme elle-même, puisque 60% des répondants s'estiment mal informés sur la santé mentale.
Une solution serait donc de s'informer, d'informer le grand public, de sensibiliser à la souffrance psychique, à ses symptômes et à ces conséquences. C'est déjà ce à quoi contribue notre partenaire PSSM France, qui organise des formations aux premiers secours en santé mentale.
C'est aussi l'un des objectifs de notre appel à projets : "Bien-être mental, si on en parlait... vraiment ?", ouvert du 17 janvier 2022 au 19 août 2022, qui vise à déstigmatiser les personnes en souffrance psychique mais aussi à libérer leur parole, pour produire des récits sur la santé mentale s'appuyant sur leur expérience, leur vécu, au-delà des préjugés.
Je lis le cahier des charges et je sollicite un soutien pour mon projet